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5ème dimanche Pâques 2020

lundi 11 mai 2020Non classé

« Nous ne savons pas où tu vas »

    Inquiétude des disciples au moment du dernier repas de Jésus, qui est tout autant celle du temps de la résurrection avant l’Ascension et la Pentecôte. Eux-mêmes ne savent pas où ils vont. Ils demeurent dans le flou et l’incompréhension. Leur conception de la résurrection, portée dans la foi juive de leur époque, est bousculée. Les évènements ne correspondent pas à leur foi ancestrale. Ils s’interrogent : où ce Jésus, le ressuscité, veut-il en venir ? Dieu demeure un inconnu qui bouscule les repères et certitudes. Ce ressuscité est-il crédible ?

    Toutes proportions gardées, nous vivons un temps d’incertitude. Ce confinement nous bouscule dans nos points d’appuis habituels. Une vie relationnelle réduite, ou amplifiée avec une nouvelle manière de vivre en famille. Certains ont dû adapter leurs méthodes de travail, particulièrement dans le monde des soignants ou des enseignants. D’autres sont à l’arrêt, et profitent de ce temps qui se libère, ou au contraire, se confrontent à l’ennui et aux ballades répétitives. A cela s’ajoute depuis quelques jours l’angoisse croissante face au début de déconfinement que nous allons vivre ce lundi. Nos sécurités seront-elles assurées ? Faut-il vraiment sortir de nos bulles protectrices ? Où allons-nous ?

    Jésus-Christ ne répond pas à nos questions d’organisation matérielle, mais nous confessons qu’il est pour nous celui qui oriente notre vie. Face à nos incertitudes et questionnements, quels qu’ils soient, Jésus-Christ se présente toujours comme le porteur de vie, le Dieu de vie. « Je suis le chemin, la vérité et la vie » nous est-il confessé dans cet extrait de l’évangile de Jean. Et nous entendions la semaine dernière : « Je suis la Porte, le Bon Berger ». Ailleurs il est celui qui guérit, qui enseigne, qui nourrit. « Venez à moi vous tous qui avez soif ». Quelque soit notre situation, me reviens toujours à l’esprit cette réaction de Jésus face à l’homme riche qui s’interroge sur son avenir : « Jésus l’aima » (Mc 10,21). Jésus est présent à ce que nous sommes, quelques soient nos joies ou nos angoisses, nos détresses ou nos projets. Et il nous invite à avancer, à croire en lui, à regarder ce qu’il a fait (« ses œuvres » selon l’évangile), et faire comme lui. Pour nous, disciples, il est dit : « Il en fera même de plus grande ».

    Nous appuyer sur Jésus-Christ, c’est avancer avec lui, marcher avec lui, être les Pierres Vivantes de son corps, de l’Eglise (2ème lecture de ce jour : 1ère lettre de S.Pierre).

    Etre ces Pierres Vivantes, nous aspirons à le redevenir dans le rassemblement eucharistique. Nos temps de prière, seul ou en famille, comme les messes télévisuelles, ne remplacent pas la communauté rassemblée. C’est vrai, nous ne ressentons que trop ce manque … qui touche habituellement les anciens, les malades ; ou nos frères éloignés des lieux eucharistiques. Dans l’eucharistie Jésus est présent : il nous donne la vie de Dieu, notre pain spirituel nécessaire pour la route.

    Cependant cette absence eucharistique nous rappelle fortement que nous sommes tout autant pierres vivantes dans notre vie quotidienne, dans l’engagement pour le frère, dans la vie fraternelle qui commence en famille. De l’émission « Secret d’histoire » sur Ste Thérèse de Lisieux (ce lundi sur France 3) je retiens le témoignage de la Prieure du Carmel : la prière où je dis à Jésus que je l’aime a peu de sens si je m’attrape avec la sœur que je rencontre ; la vie fraternelle est un moyen de vérifier notre capacité d’aimer et de se laisser aimer.

    C’est bien dans ce quotidien, dans la rencontre des hommes, dans notre manière de vivre en société en cherchant le bien-être général, que nous vivons de l’esprit eucharistique. En cherchant :

– La vérité de nos vies. Cette pandémie a provoqué bien des interrogations sur nos manières actuelles de vivre, dans la sur-consommation. Quels sont nos points d’appui pour vivre ? Qu’est-ce que cela peut remettre en cause dans nos comportements ? Quelle vie allons-nous construire pour notre futur ?

– Un témoignage de vie, là où les forces du mal et de la mort restent à l’œuvre. Nous avons toujours à être ces disciples du Christ, missionnaires et rayonnants de vie et de la joie pascale.

– Proposant un chemin de vie, à la suite du Christ, le chemin.

    Ainsi nous ferons des œuvres, « même de plus grandes ».

                                                                                                                                                                                 Abbé Marcel Maurin