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Engagement en Eglise

mercredi 6 juin 2018Expression de l'évêque

En avril dernier, le Conseil Pastoral du Peuple de Dieu du Diocèse du Havre, rassemblant une quarantaine de personnes déléguées par les paroisses, les services et les mouvements, a réfléchi durant toute une journée sur l’appel à l’engagement en Eglise.

La question est essentielle dans la mesure où des responsabilités sont nécessaires pour que soit assurée la vie et la mission de nos communautés chrétiennes. Qu’il s’agisse de la vie liturgique, de la préparation aux sacrements du baptême ou du mariage, de l’exercice de la responsabilité catéchétique, ou encore de l’organisation du service de la diaconie… Autant de responsabilités qui garantissent le caractère ecclésial d’une communauté de fidèles.

Nos communautés chrétiennes ont besoin de faire preuve d’audace, d’imagination et de créativité. Nous ne pouvons nous satisfaire des « on a toujours fait comme ça ! »

Durant la journée, nous avons bénéficié d’un temps d’approfondissement assuré par le Père Régis Peillon, du Service National pour l’évangélisation des jeunes et pour les vocations. Cette intervention fut riche et très appréciée pour sa clarté et les perspectives qu’elle ouvrait. Elle a permis à l’ensemble des membres du Conseil de prendre conscience qu’au-delà du seul processus de remplacement aux fonctions exercées pour le service de la vie de la communauté, le champ des responsabilités devait s’élargir. Et force a été de constater que nous étions plus timides pour oser appeler en vue de la mission qui nous conduisait à nous aventurer sur des terrains moins familiers.

Dans son Exhortation Apostolique, La joie de l’Evangile, le pape François nous encourage à devenir une Eglise « en sortie », soucieuse de porter l’annonce de l’Evangile au-delà de nos cercles familiers et habituels. Pour entrer dans ce qu’il appelle une « nouvelle étape évangélisatrice », nos communautés chrétiennes ont besoin de faire preuve d’audace, d’imagination et de créativité. Nous ne pouvons nous satisfaire des « on a toujours fait comme ça ! ».

L’appel à l’engagement doit ainsi dépasser la seule logique du remplacement en vue de combler les trous d’un organigramme. Une communauté qui veut porter le souci de la mission, est appelée à discerner pour se risquer sur de nouveaux terrains où l’Evangile sera annoncé. Pour cela, elle doit développer une culture de projet pour des initiatives missionnaires innovantes. L’appel à l’engagement a davantage de chance d’être entendu positivement s’il est lancé, non dans une logique de relève à assurer, mais pour une collaboration à laquelle nous voulons associer de nouveaux acteurs.

Dans une telle démarche d’appel, nous trouvons à la fois une exigence et un défi. Un discernement s’avère nécessaire pour qu’un regard réaliste et éclairé par la foi au Christ qui nous envoie en mission, puisse nous aider à repérer des espaces ou des groupes humains où l’Evangile pourra opérer des transformations humanisantes et salutaires. La communauté chrétienne est ainsi mise au défi d’imaginer de nouvelles formes de proximité et de rencontres qui mettront l’Evangile du Salut en contact avec les personnes et les diverses réalités de notre temps : la famille, l’école et l’université, le travail professionnel, les quartiers, le monde maritime ou rural, l’économie et l’entreprise, la politique et la culture…

Lorsque les activités de l’année redémarreront, comment serons-nous attentifs aux appels à nous engager au service de la vie et de la mission de notre Eglise ?

Vivre une telle démarche, déjà expérimentée en bien des endroits de notre diocèse, est source de renouveau dans des communautés toujours menacées par le repli et le ronronnement, mais aussi chez les divers acteurs de la vie ecclésiale. Elle suscite une dynamique nouvelle qui s’empare des fidèles qui, répondant aux appels qui leur sont adressés, font l’expérience de la joie d’être d’authentiques disciples-missionnaires.

La période estivale ménage pour chacun du temps libéré. Nous pouvons le mettre à profit pour prendre du recul et relire la façon dont nous sommes impliqués dans la communauté à laquelle nous appartenons. Lorsque les activités de l’année redémarreront, comment serons-nous attentifs aux appels à nous engager au service de la vie et de la mission de notre Eglise ? Quelle réponse apporterons-nous pour ne plus être de simples consommateurs d’Eglise qui viennent, comme dans les rayons des supermarchés, remplir leur caddie personnel sans se soucier de la marche de l’ensemble ?

Dans chaque communauté, j’invite à nous laisser interpeller en début d’année pastorale par l’enseignement de l’apôtre Paul : « Les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. Les services sont variés, mais c’est le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous. À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien de tous… Il a voulu ainsi qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres… Or, vous êtes corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps » (1 Cor 12, 4-7 ; 25, 27).

La marche diocésaine du dimanche 23 septembre nous offrira l’occasion de prendre conscience que nous formons un seul corps, et que nous marchons ensemble pour annoncer l’Evangile au monde.