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Et après ? – Texte de Mgr Brunin (Havre et Caux)

mercredi 27 mai 2020Expression de l'évêque

Après une période de confinement strict, nous passons à une nouvelle phase qui sollicite davantage notre responsabilité personnelle. Les gestes barrières qui nous sont recommandés, sont une façon de prendre soin de nous-mêmes et des autres. Aidons-nous à garder les règles de prudence qui permettront de vaincre l’épidémie qui nous affecte gravement en plusieurs domaines. […]

Une vitalité ecclésiale … malgré tout !

La dernière période que nous avons vécue incluait la Semaine Sainte et le Triduum pascal, moment central de notre vie chrétienne. Fidèles laïcs, consacrés, diacres, prêtres… et évêque, nous avons été profondément bousculés dans notre vie spirituelle personnelle et dans notre vie en Eglise. A l’écoute de ce qui s’est vécu dans les paroisses, les mouvements, les groupes et les communautés, j’ai découvert beaucoup de belles initiatives pour nourrir la foi au contact de la Parole de Dieu méditée et partagée. Des propositions ont permis de vivre des temps de prière en famille, mais aussi en groupe de chrétiens qui se donnaient rendez-vous régulièrement, via les réseaux sociaux, pour un temps de prière en commun.

Je veux souligner l’importance de telles initiatives qui, par-delà l’impossibilité de nous rassembler,  ont permis de tisser et de renforcer des liens communautaires. Les contraintes du temps de confinement ont contribué, paradoxalement, et en beaucoup d’endroits, à vivre plus intensément dans nos communautés. Les efforts consentis pour maintenir les liens entre personnes d’une même paroisse ou d’un même groupe, entre fidèles et pasteurs, ont révélé notre capacité à faire vivre notre Église en communautés fraternelles. Nous portions le souci les uns des autres. Des personnes d’une même paroisse qui se côtoyaient simplement, se sont téléphoné pour prendre des nouvelles et elles ont renforcé leur relation. Un bel élan de solidarité s’est aussi manifesté, au-delà même des limites de la communauté paroissiale, avec les associations caritatives de notre Église ou de la société civile, pour assurer une présence et une aide concrète auprès des personnes isolées, les plus pauvres et les plus fragiles. Je remercie aussi les personnes qui ont pris conscience de la nécessité de faire vivre financièrement notre Église par leur participation responsable à la quête paroissiale en ligne ou au Denier.

Ce qui s’est vécu durant cette période révèle un visage d’Église à hauteur de ce qu’elle fut dans les temps apostoliques : « [les croyants] étaient assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières…ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun.» (Actes 2, 42). Ayons à cœur que ce bel élan fraternel se prolonge au-delà de la période de confinement. 

De nouvelles formes d’accompagnement initiées

Permettez-moi d’exprimer ici ma gratitude aux prêtres, ainsi qu’aux membres des EAP [Equipes d’Animation Paroissiale] avec lesquels ils ont beaucoup réfléchi. Après un premier moment de sidération où ils se sont interrogés pour savoir comment assumer leur responsabilité pastorale alors qu’ils ne pouvaient plus rassembler les fidèles pour célébrer l’Eucharistie et les rites liturgiques particulièrement riches du temps pascal, ils ont fait preuve de beaucoup de courage, d’imagination et de créativité. Je suis admiratif de tout ce qui a été imaginé pour continuer à accompagner pastoralement les communautés dont ils ont reçu la responsabilité. De diverses façons, ils ont cherché à demeurer proches des fidèles, à leur écoute et soucieux de fournir de quoi nourrir une approche des textes des Écritures, une méditation spirituelle, des temps de prière et de célébration domestiques. De nouvelles manières d’accompagner les communautés sont apparues. Comme évêque, je rends grâce au Seigneur pour cette belle vitalité de la foi au sein du presbyterium comme de notre Église diocésaine toute entière.

Une nécessaire relecture

Pour que ce qui s’est vécu, avec l’aide de l’Esprit Saint, ne se referme pas comme une parenthèse et que nous ne retombions pas dans des pratiques routinières, il sera nécessaire de relire ensemble l’expérience traversée. Seront ainsi proposés, prochainement, des temps de relecture pour les prêtres, mais aussi pour les fidèles dans les communautés paroissiales. Il s’agira de garder le meilleur de ce que nous avons découvert comme essentiel pour notre foi, pour notre vie en Église et pour notre engagement de disciples-missionnaires durant l’expérience singulière qu’il nous a été donné de vivre. Et si ce temps de manque qui fut pour nous une épreuve, était surtout un temps de grâce pour le renouvellement de notre foi personnelle et de notre vie en Église !

+ Jean-Luc BRUNIN

Évêque du Havre