Actualités

Fête de l’initiation chrétienne – Homélie

lundi 22 février 2021Zoom sur

21 février 2021

Mot d’accueil

Avec la communauté diocésaine, nous sommes heureux de vous accueillir, frères et sœurs qui arrivez dans votre dernière étape vers le baptême, la première communion ou la confirmation. Nous vivons cette démarche ensemble, au début du Carême. Cela est signifiant : tous, croyants de longue date,  néophytes ou catéchumènes, où que nous en soyons de notre parcours de vie chrétienne, le temps du Carême est en quelque sorte une « remise des compteurs à zéro ». Nous sommes sans cesse appelés par le Christ à renouveler nos façons de vivre, de penser et d’aimer.

C’est une grâce pour chacun de nous et pour notre Église, d’accueillir nos frères et sœurs nouvellement venus à la foi ou recommençants dans un parcours à la suite de Jésus. Ils témoignent de la fraîcheur des commencements ou des recommencements, pour nous qui risquons toujours d’être un peu blasés, peut-être même usés dans une foi qui perd de sa saveur, de son actualité et qui prend le goût fade de l’habitude et de la routine.

Pour nos frères et sœurs nouvellement venus à la foi, mais pour nous aussi, les quarante jours du Carême sont un temps où l’Esprit nous pousse au désert. Et en cette fête de l’initiation chrétienne, nous nous mettons en route ensemble pour vivre cette aventure passionnante et goûter la fraicheur des commencements de notre foi. Finalement, nous sommes à égalité : suivre Jésus réclame toujours une initiation ou une ré-initiation pour un nouveau départ, un nouvel élan de notre vie chrétienne.

Merci à vous, frères et sœurs, qui acceptez de répondre à l’appel décisif que l’Église vous adresse. Nous sommes les témoins émerveillés de l’action du Seigneur dans votre vie et de la disponibilité dont vous témoignez pour chercher à répondre à son appel.

Entrons dans cette célébration en nous préparant à écouter la Parole de Dieu qui nous engage à partir au désert pour enraciner ou ré-enraciner notre existence dans la Miséricorde du Père.

 

 

Homélie

Le récit du déluge et celui que nous venons d’entendre de la tentation de Jésus au désert nous portent tous deux à la confrontation au mal. Dans les lettres que vous m’avez adressées en vue de l’appel décisif, j’ai pu constater que beaucoup d’entre vous avez vécu, d’une façon ou d’une autre, cette confrontation au mal et au malheur. Qu’il s’agisse de la maladie, du décès d’un être cher, ou encore de l’échec dans la vie conjugale. Cette confrontation au mal est l’une des expériences fondamentales de toute existence humaine.

Le déluge, tel qu’il nous est présenté dans le récit de la Genèse, évoque la confrontation inévitable avec le mal qui semble vouloir submerger le monde. N’est-ce pas ce que nous vivons en ce moment avec la pandémie et qui fait monter en nous le désir de changer le cours des choses, de vivre autrement ? Mais la confrontation au mal, comme l’apôtre Pierre le rappelle, est aussi un combat intérieur contre le péché qui nous détourne de Dieu. Jésus, Fils de Dieu, se veut solidaire de l’humanité dans cette confrontation au mal. Avec le poids de l’humanité fragile et blessée par le péché, Jésus, après son baptême, se laisse conduire par l’Esprit au désert. Ce lieu essentiel dans la Bible, est autant le lieu de l’épreuve que celui de la rencontre avec Dieu. En effet, quand Dieu se met à parler dans la vie d’un homme, alors, immanquablement se creuse  en son cœur, l’immensité du désert. Quand Dieu se fait reconnaitre dans l’existence d’une personne, c’est le combat de Jésus qui recommence.

C’est au cœur de vos vies parfois malmenées par le mal, en nous et autour de nous, que  le Christ s’est révélé à vous pour vous offrir son amitié et vous inviter à le choisir comme compagnon de route. Vous avez découvert alors un Dieu proche, qui adresse à l’homme Sa Parole pour lui dire son amitié, le réconforter et l’encourager à croire à la vie.

Cette Bonne Nouvelle retentit encore pour nous, au début du temps de Carême. Elle nous assure que ce n’est pas le péché qui inaugure notre vie, ni notre faiblesse ni nos manques, ni nos blessures. Ce qui est au commencement de moi, de toi, de nous tous, c’est Dieu qui nous aime et qui est à la source de notre existence. Ça change tout !

Mais, comme pour Jésus, Il y en a un qui essaie de ruiner tout cela : le satan ! Il remet en cause l’amitié de Dieu pour nous. Il cherche à nous humilier en nous laissant croire que nous sommes des êtres fragiles et sans avenir, livré au destin aveugle. Il a cherché à désarçonner Jésus au désert, lui laissant entendre qu’il est trop fragile pour assumer sa mission. Est-il vraiment un Fils dont le Père s’occupe? N’est-il pas abandonné de Lui dans cette région sans eau et sans nourriture ? Jésus nous montre qu’il ne faut pas nous laisser impressionner par celui qu’on appelle le satan, ou encore le diable, le menteur, l’adversaire, le diviseur qui veut nous décourager, nous faire douter de l’amour de Dieu pour nous, douter des autres et de nous-mêmes.

Si Jésus surmonte la tentation que lui présente le satan, s’il refuse toute compromission avec le mal, ce ne sera pourtant que dans le mystère de sa mort et de sa résurrection qu’il détruira le mal, qui lui retirera tout pouvoir de nous séparer de l’amour de Dieu. La mission de Jésus qui suit cette expérience du désert et de la confrontation au mal, se déploie dans l’annonce du Règne de Dieu qui s’approche de nous et  dans l’invitation à croire à l’Evangile.

Je peux y aller, je peux  vivre, je peux oser traverser les épreuves, puisque la Vie vient de Dieu ». Il m’a voulu, Il m’a sauvé, Il m’a choisi dans le Christ. Avec l’Esprit Saint, je peux avancer avec assurance, même là où il semblait ne plus y avoir de chemin.

Cette Bonne Nouvelle retentit encore pour nous, au début du temps de Carême. Elle nous assure que ce n’est pas le péché qui inaugure notre vie, ni notre faiblesse ni nos manques, ni nos blessures. Ce qui est au commencement de moi, de toi, de nous tous, c’est Dieu qui nous aime et qui est à la source de notre existence. Ça change tout ! Nous ne sommes pas foncièrement des êtres mauvais.  Au commencement de toute existence humaine, il y a l’Amour qui nous fait exister et nous accompagne sans cesse dans le parcours de l’existence. Peut-être ne le voyons-nous pas, mais cet Amour du Père révélé par Jésus, visage humain de Dieu, nous porte et nous entraîne à aimer la vie. Il installe nos vies dans la confiance, au Christ que nous voulons suivre, la confiance aux autres, mais encore la confiance en nous-mêmes. Parce que Dieu m’aime, désire mon amitié et croit en ma capacité d’aimer, je peux reprendre confiance en moi.  Quand Dieu nous rejoint et que nous acceptons qu’il prenne place dans notre vie, nous habitons ce pays de la confiance, de la paix et de la fraternité. C’est cela vivre du Royaume !

Jésus atteste auprès de nous que « les temps sont accomplis », autrement dit :  » Je peux y aller, je peux  vivre, je peux oser traverser les épreuves, puisque la Vie vient de Dieu ». Il m’a voulu, Il m’a sauvé, Il m’a choisi dans le Christ. Avec l’Esprit Saint, je peux avancer avec assurance, même là où il semblait ne plus y avoir de chemin. Voilà cet Evangile que nous accueillons en ce début du Carême. Voilà l’Evangile que l’Eglise doit annoncer sans cesse au monde. Chers amis, qui allez recevoir l’appel décisif, nous avons besoin de vous afin que nos communautés deviennent d’authentiques signes d’Evangile. Osez prendre votre place parmi nous, pour apporter la jeunesse de votre foi au Christ et votre créativité pour témoigner à frais nouveaux, de l’Evangile à nos contemporains. Ils ont soif d’entendre cette Bonne Nouvelle qu’apporte le Christ : la vie tient bon ! Dieu nous l’a donnée, elle sera plus forte que toutes les difficultés, et même la mort.

Disciples du Christ, nous sommes essentiellement des missionnaires de cette Bonne Nouvelle.  Nous avons raison de faire confiance et d’espérer envers et contre tout, car Jésus tient à nous et il nous veut vivants avec Lui.

Mgr Jean-Luc Brunin

Évêque du Havre