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Homélie du 23 septembre 2018 -Marche diocésaine

mardi 25 septembre 2018Expression de l'évêque

Les textes de la liturgie qui est célébrée dans notre diocèse en cette journée de la marche des disciples missionnaires, évoquent d’abord la mission de Dieu. Car c’est bien elle qui est au cœur de ce que nous célébrons aujourd’hui, dans ce que nous pouvons considérer comme une fête de la mission. Le Père a missionné le Fils et missionné l’Esprit, tous deux présents au moment de la création, pour que l’humanité retrouve le chemin de l’Alliance dont elle s’était détournée depuis le péché de l’origine. Pour reprendre l’expression de saint Irénée de Lyon, le Verbe et l’Esprit Saint, les deux mains du Dieu créateur, ont repris en mains cette humanité pour la sortir de l’ornière du péché et la restaurer dans une nouvelle Alliance.

La mission de Dieu demeure actuelle. Dieu ne cesse de sortir à la rencontre des hommes, et c’est le Christ qui est le sacrement de cette rencontre et de cette renaissance. . Etre disciple-missionnaire du Christ, c’est actualiser (id. rendre actuelle et l’exprimer par des gestes et des actes concrets) la mission de Dieu. « La mission de l’Eglise n’est donc pas la diffusion d’une idéologie religieuse et pas même la proposition d’une éthique sublime… Par le biais de la mission de l’Eglise, c’est Jésus Christ qui continue à évangéliser et à agir… » (Message du pape François pour la Semaine Missionnaire d’octobre 2017) 

Déjà, dans le second livre des Rois, le prophète Elisée assume sa mission en se portant à la rencontre d’une femme de Sunam. La mission de Dieu suppose le consentement à sortir de soi pour se porter vers l’autre, dans une proximité bienveillante. Au-delà de la personne du « missionnaire », c’est le contact avec Dieu qui est rendu possible. Alors, il agit dans la vie de cette femme pour la rendre féconde. Voilà un enjeu de cette journée et, au-delà, du dossier pastoral qui permettra aux chrétiens du diocèse de s’engager « dans une nouvelle étape missionnaire ». Il nous faut aussi nous porter sur le terrain des autres (habiter la maison de…). Au-delà de la relation humaine sympathique et bienveillante, nous permettons à Dieu d’établir le contact avec les personnes vers qui nous sommes envoyés pour qu’il puisse agir et rendre leur vie féconde.

Evangéliser, c’est permettre que la vie des gens vers lesquels nous portons l’annonce de l’Evangile, devienne féconde par la puissance de Dieu. C’est l’expérience que l’apôtre Paul a vécue et dont il rend compte aux Thessaloniciens. « Notre annonce de l’Évangile n’a pas été, chez vous, simple parole, mais puissance, action de l’Esprit Saint, pleine certitude ». De ce fait, Paul peut rendre grâce pour la foi des Thessaloniciens : « nous nous souvenons que votre foi est active, que votre charité se donne de la peine, que votre espérance tient bon en notre Seigneur Jésus Christ, en présence de Dieu notre Père ».

L’annonce de l’Evangile suscite la foi qui se déploie dans un croire, un aimer et un espérer. Ce sont les « vertus théologales » qui structurent toute une existence humaine touchée par l’Evangile, c’est-à-dire les capacités données par Dieu à l’homme pour établir la relation avec Lui. Le disciple missionnaire peut discerner la fécondité de la Parole dans la vie des personnes qui deviennent plus confiantes en Dieu et aux autres, plus aimantes et plus ouvertes à l’espérance.

Ce qui nous qualifie pour être disciple-missionnaire, c’est d’abord et avant tout, notre baptême. Ce baptême dans lequel nous avons été plongés, nous a consacrés. Nous sommes engagés -comme entraînés – depuis ce moment dans le mystère pascal qui oriente et qualifie toute notre existence. Nous ne sommes pas des égarés, travaillés par le doute, les spéculations stériles ou les recherches dépourvues de sens. Nous sommes plongés dans la Vie du Ressuscité et animés par l’Esprit. La consécration dans l’Esprit-Saint requiert de notre part adhésion, renouvellement de nos convictions, ancrage profond en Christ et engagement en service d’humanité pour qu’elle puisse accueillir le Royaume.

Car évangéliser, c’est mettre en œuvre la puissance de renouvellement de l’ancien monde. L’évangélisation est bien davantage que l’énonciation d’une morale ou d’une sagesse de vie. Evangéliser, c’est libérer la puissance de la Parole de Dieu qui fait toutes choses nouvelles. Là où la Parole est annoncée, elle s’accomplit. Toute démarche évangélisatrice a ainsi une dimension spirituelle autant qu’une efficience sociale. C’est ce que nous définissons comme les deux axes de la mission : nourrir la foi dans le cœur des humains et promouvoir la fraternité.

Demandons au Seigneur, dans cette Eucharistie, de former chez les fidèles du diocèse, le cœur des disciples-missionnaires dont il a besoin pour que vive sa mission.

Mgr Jean-Luc Brunin

Évêque du Havre