L’évangile du jour relate la première rencontre de Jésus ressuscité avec ses disciples. Enfermés et apeurés, les apôtres découvrent soudain le Seigneur, présent au milieu d’eux, qui leur adresse un souhait : « La paix soit avec vous ! ». En soufflant sur eux, il leur transmet l’Esprit Saint et les envoie en mission comme lui-même a été envoyé par le Père. Les portes doivent s’ouvrir et laisser le passage aux envoyés du Ressuscité. L’horizon de leur mission est de témoigner aux hommes que Dieu leur fait Miséricorde et leur remet les péchés.
Jésus était là au milieu d’eux
La seconde partie de l’évangile de Jean est comme la « session de rattrapage » pour Thomas, l’un des Douze. Absent le premier soir, il est réticent pour croire ce que ses compagnons lui racontent : ils ont vu le Seigneur, vivant au milieu d’eux. Thomas refuse d’accorder crédit au leur témoignage ; il veut voir, constater de visu la marque des clous et la blessure causée par le coup de lance dans le côté du Crucifié. La semaine suivante, le premier jour, Jésus est présent une nouvelle fois au milieu de ses disciples. Cette fois-ci, Thomas est présent. Jésus l’interpelle aussitôt et l’invite à venir toucher les stigmates de la crucifixion sur son corps ressuscité. Celui qui est vivant devant Thomas et les autres disciples, est bien le même qui a été condamné et mis à mort sur la Croix. Alors Thomas tombe à genoux et reconnaît Celui qui est devant lui : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Croire pour voir et non voir pour croire
Dans la réflexion que Jésus adresse à Thomas, il valorise le croire : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu » ; Pour les disciples de Jésus désormais, nous sommes appelés à croire pour voir, et non plus voir pour être conduits à la foi. Croire au Ressuscité ne repose pas sur une expérience sensible, mais sur l’adhésion de foi à la parole de ceux qui ont « vu et entendu » et qui témoignent : « Celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice, Dieu l’a ressuscité ». (Actes 10, 39-40). Le témoignage des apôtres n’est pas de l’ordre du démonstratif, mais c’est une annonce que nous ne pouvons recevoir que dans la foi, et qui sollicite notre adhésion croyante.
Si tu crois, tu verras
Qui croit sincèrement en son cœur que Jésus est ressuscité, a le regard éclairé pour voir les signes de la présence et de l’action du Christ, dans sa vie et autour de lui. Par Son Esprit, Jésus poursuit sa mission dans le temps que nous vivons. On ne comprendrait rien à la mission de Jésus de Nazareth si on occultait son souci permanent de révéler à tout homme et à tous les hommes la Miséricorde du Père. L’Évangile nous le présente constamment comme engagé en faveur des pauvres, des indigents, des petits et des faibles, de ceux et celles qui sont dans une détresse morale, à l’égard de ceux qui ne comptent pas aux yeux des hommes. Son engagement en faveur des pauvres est l’essence même de sa mission, et elle l’amènera à dépasser sans cesse le légalisme socioreligieux de son temps pour témoigner en actes de la proximité du Dieu de Miséricorde qui l’a envoyé pour sauver les hommes.
Discerner le Ressuscité là où la Miséricorde est à l’œuvre…
Le deuxième dimanche de Pâques a été institué par le pape saint Jean-Paul II, comme le Dimanche de la Divine Miséricorde. Il indiquait ainsi le sens profond de la mission du Ressuscité. Si, sur la base du témoignage des apôtres, nous croyons en Lui, alors nous devenons capables de voir où et comment l’Esprit actualise sa présence et son action. Pour continuer à révéler au monde un Dieu proche, ami des hommes et plein de sollicitude, l’Esprit du Christ inspire des gestes humains et des œuvres de Miséricorde. Éclairés par notre foi, nous sommes capables alors capables de le discerner pour en rendre grâce.
+ Jean-Luc Brunin, Évêque du Havre
