Les informations nous déversent à flots continus, par l’intermédiaire des ondes, des journaux et des sites Internet, des nouvelles tragiques d’un monde en disharmonie, en proie aux incivilités, à la violence, au mépris assassin d’hommes, de femmes et d’enfants, et aussi de peuples.
Quel contraste avec ce que l’Église nous invite à célébrer aujourd’hui avec l’Assomption de Marie, une fête tout entière marquée par la joie de la visitation, la joie d’une Promesse exaucée, la joie de l’Évangile qui irradie de la vie de la Vierge Marie et lui fait partager, sans attendre, la Gloire de son Fils, en échappant à la dégradation du tombeau.
Sommes-nous donc condamnés à vivre notre foi et la célébration de l’Assomption de Marie de façon schizophrénique ? Pour échapper à ce danger d’une foi déconnectée du réel, il nous faut chercher à discerner dans l’actualité de nos vies et de la vie de notre monde, le mouvement d’assomption que l’Esprit Saint suscite au cœur de la création.
Pour nous aider à donner consistance à la célébration de ce 15 août, je veux d’abord évoquer le massacre de ces jeunes humanitaires au Niger. Jeunes et très diplômés, ces volontaires humanitaires n’ont pas cherché à faire carrière dans des entreprises du CAC 40, mais ils se sont engagés pour aider au développement des populations en difficulté. Ils étaient conscients que le monde trouve son sens plénier dans le développement solidaire, le respect de l’environnement et les processus de pacification
La seconde évocation que je ferai, c’est celle de ces jeunes libanais qui exigent qu’advienne une société affranchie des clivages confessionnels et partisans, des systèmes de corruption politico-mafieux, pour qu’émerge une citoyenneté supra-partisane où l’édification sociale se construise dans une volonté farouche de vivre ensemble dans la liberté et la fraternité.
Les catholiques ne célèbrent pas l’Assomption de la Vierge Marie en se confinant simplement dans un cycle liturgique annuel. Ce que l’Assomption célèbre avec Marie, retrouve sa vigueur dans l’actualité de notre vie et de notre monde. « L’Esprit Saint viendra sur toi » : cette promesse que Marie a entendue au jour de l’Annonciation, elle est pour nous et pour le monde. Le 15 août nous donne l’occasion d’intercéder pour notre monde qui, trop souvent, se laisse dériver ou tirer vers le bas. Avec Marie, laissons-nous entraîner vers la Justice, la Paix et l’Amour qui nous sont promis et vers lesquels nous progressons grâce à l’Esprit qui nous anime. Bonne fête de l’Assomption !
Mgr Jean-Luc Brunin
