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Mineurs migrants. Vulnérables et sans voix

lundi 23 janvier 2017Expression de l'évêque

Journée Mondiale du migrant et du réfugié

Nous célébrons la 103ème Journée du Migrant ; c’est le pape Benoît XV qui, en 1914, a voulu instaurer cette journée pour sensibiliser les catholiques au sort des émigrants italiens.

Depuis, l’Église a élargi son regard sur les phénomènes migratoires.

Cette année, le pape François a voulu sensibiliser les Églises sur la question des mineurs : « Mineurs migrants. Vulnérables et sans voix !» Cette réalité ne cesse de prendre une ampleur doublement dramatique :

  • C’est un drame de devoir quitter son pays et souvent sa famille au moment de l’enfance ou de l’adolescence. Comment se construire humainement dans une situation d’exil qui coupe de ses racines et de ses sécurités, pour se lancer dans une aventure migratoire, souvent longue et douloureuse, affrontant des risques multiples qui peuvent mener à la mort ? Le pape veut nous faire prendre conscience que voler ainsi la jeunesse des mineurs migrants, relève d’un scandale que Dieu réprouve et qui mérite mieux que l’indifférence ou, pire, l’hostilité des opinions publiques occidentales.
  • Le second aspect du scandale tient au fait que certains réseaux de trafiquants mafieux, profitant de la vulnérabilité de ces mineurs migrants, les exploitent honteusement dans ce qu’il faut bien appeler une marchandisation de l’humain, une traite scandaleuse de femmes, d’hommes, de jeunes et d’enfants.

La Journée du Migrant et du Réfugié doit aider à la prise de conscience de l’inacceptable et nous mobiliser pour travailler l’opinion publique de nos pays riches, pour qu’elle change de regard sur les réfugiés et les migrants.

Cependant, notre journée ne veut pas se limiter à une simple expression de nos indignations. Elle a été instaurée aussi pour rendre grâce au Seigneur de tous ces gestes d’accueil, d’hospitalité et de solidarité qui créent des liens solides entre nous et nos frères et sœurs venus d’ailleurs.

Les rencontres suscitées par les migrations sont l’effet aussi de l’action de Dieu qui guide nos pas les uns vers les autres, qui ouvre nos mains pour accueillir et partager avec ceux et celles qui rejoignent nos espaces de vie.

Notre action de grâce s’enracine aussi dans la conversion de notre regard sur les phénomènes migratoires, par-delà leur aspect tragique qui sollicite notre solidarité active. Les migrations participent, dans un regard éclairé par le message de Jésus, de la mise en œuvre du projet de Dieu qui veut inlassablement rassembler la famille humaine. Les rencontres suscitées par les migrations sont l’effet aussi de l’action de Dieu qui guide nos pas les uns vers les autres, qui ouvre nos mains pour accueillir et partager avec ceux et celles qui rejoignent nos espaces de vie.

Nos sentiments au cours de cette journée seront donc des sentiments d’indignation face aux récits et aux images tragiques de la migration des mineurs. Mais il faut aussi que cette journée soit une fête de l’espérance pour la fraternité élargie que les migrations permettent, selon le dessein de salut de Dieu. 

Nous qui participons à cette journée, fêtons ensemble cette fraternité qui sourd de nos efforts pour accueillir, écouter, partager en réciprocité. Dieu nous associe à son œuvre d’unité et d’harmonie de la famille humaine qu’il a initiée en son fils Jésus.

+ Jean-Luc BRUNIN

Évêque du Havre