Publications

Homélie – 29 mars

samedi 28 mars 2020

En ce 5ème dimanche de carême nous recevons le récit de la résurrection de Lazare, dans l’évangile selon St Jean.

Avec les récits de la Samaritaine et de l’Aveugle-né, ces trois rencontres de Jésus sont fondatrices de notre vie de baptisés, touchés par la puissance de vie de Jésus-Christ.

Recevant ce texte de Lazare en cette période d’épidémie et de confinement j’en retiens quelques aspects auxquels je ne prêtais pas attention les années précédentes.

Son ami va mourir. Pourtant Jésus ne se précipite pas à son chevet. Il ne guérit pas in extremis. Il laisse advenir la mort.

Nous voudrions tant un Dieu qui empêche la mort, ou au moins qui permette à chacun d’aller en bonne forme jusqu’à 100 ans ! Nous consonnons avec Marthe « Si tu avais été ici mon frère ne serait pas mort ». Il est normal de trembler face à la menace d’une maladie. Il est normal de souhaiter vivre, et bien vivre. Mais nous ne pouvons nier cette mort toujours imprévue. Nous prions avec la Vierge Marie « jusqu’à l’heure de notre mort ».

Je ne peux que vous recommander de voir ou revoir l’interview de François Chang par François Busnel dans l’émission « La grande librairie » de janvier 2020 (à voir sur YouTube). La dernière partie est une belle méditation sur la mort qui approche, et le sens qu’on peut lui donner.

Faut-il pour autant vivre dans l’anxiété ? J’ai eu envie certains jours de me confiner encore plus, tant certains médias sont anxiogènes, tant certaines personnes propagent des prédictions des plus sinistres. Couper le son ! Dieu veut la vie. Ce monde à travers sa beauté créatrice est orienté vers Dieu. « Je suis la lumière du monde » entendions-nous dans la bouche de Jésus la semaine dernière face aux interrogations des disciples sur la souffrance d’un homme. Et aujourd’hui « Je me réjouis de m’avoir pas été là … pour que vous croyiez ».

Jésus est puissance de vie, et nous invite à partager cette vie. Nous ne sommes pas des prophètes de malheur, mais des diffuseurs d’espérance. Des médias mettent en valeur toutes les initiatives de solidarité. Soyons nous aussi des acteurs de vie, quelque soit le malheur qui nous touche.

Pour autant Jésus est saisi d’émotion et pleure son ami. C’est notre attitude première, nécessaire, et qui rejoint la compassion de Dieu. Accompagnons nos frères et sœurs en souffrance, aujourd’hui isolés parce que confinés ; demain dans de belles célébrations priantes. Accompagnons les malades, particulièrement ceux que nous connaissons de près ou de loin ; accompagnons les familles en deuil, qui ne peuvent vivre comme ils l’entendent les inhumations ; accompagnons les soignants – ils sont nombreux à fréquenter notre paroisse – ; accompagnons toutes les autres personnes qui permettent à notre société aujourd’hui de vivre : le monde du commerce, les enseignants, les services publics, nos élus ; accompagnons les personnes seules et isolées ; accompagnons …

Jésus ressuscite Lazare : il le ramène à la vie terrestre. Ce texte médité avant les Rameaux est ouverture au mystère de la résurrection divine. Nous célébrons la résurrection de Jésus-Christ tous les dimanches. Nous la célébrons solennellement durant les fêtes pascales. Cela est nécessaire de le vivre ensemble, de faire corps, d’être le rassemblement des disciples. Cette année nous allons être privés de ces fêtes publiques. Cela nous déchire le cœur. Mais restons à l’essentiel : si l’acte sacramentel n’est pas vécu, ce qu’il signifie demeure. En absence de sacrement Dieu demeure celui qui agit aujourd’hui. Dieu est là, avec nous et il nous appelle à la vie. En ce dimanche soyons des vivants !