Mot d’accueil à la célébration de la Fête de la Mer (4 septembre 2016)
Cette année encore, nous voici rassemblés pour célébrer la fête de la Mer au Havre. Belle occasion de reprendre conscience ensemble de la vocation maritime de notre cité ouverte par sa façade maritime, sur les horizons du monde. Le Comité des fêtes de la Mer a choisi cette année de mettre en valeur l’importance des métiers maritimes et portuaires. Selon les chiffres de l‘INSEE, les emplois portuaires directs sont au nombre de 14360. Si on ajoute les industries et services dans la zone industrielle portuaire, on arrive à 31727 emplois. Le port du Havre et les activités qu’il génère sont source de développement humain et économique pour toute notre région. On comprend l’inquiétude des responsables publics et de la population face à des lenteurs d’aménagement qui handicapent ce développement, qu’il s’agisse de la ligne ferroviaire ou du transport fluvial, ou encore les événements sociaux qui ont porté atteinte à la fiabilité du port et ont risqué de compromettre l’amélioration du trafic constaté ces dernières années.
C’est bien pourquoi l’Église catholique s’intéresse aux réalités du monde maritime comme domaine où se joue la construction d’une humanité rassemblée dans ses différences et ouverte à la fraternité universelle.
Les fêtes de la mer célèbrent une belle et passionnante aventure humaine. Le Havre a besoin de son port et des activités qu’il génère ; le port a besoin du Havre et des ressources humaines qu’il peut lui offrir. Les habitants du Havre vivent en symbiose avec le monde maritime ouvert depuis longtemps à la mondialisation. Cette porte ouverte sur l’océan doit prémunir, plus qu’ailleurs, des tentations de repliement sur nos petits horizons ou l’étroitesse de nos espaces. Les emplois qui font vivre l’activité portuaire ouvrent la population havraise sur un monde d’échanges de produits et de savoir-faire, mais aussi de rencontres avec d’autres populations et d’autres cultures. A partir de l’activité portuaire et des emplois qu’il génère, nous prenons conscience que la politique et l’économie, la société et la culture ne doivent plus être dominées par la mentalité du court terme et la recherche d’un gain financier immédiat. Plus qu’ailleurs, la ville du Havre et ses habitants doivent pouvoir saisir toutes les opportunités pour vivre leur vocation maritime.
Pour cela, ils peuvent s’inscrire dans les initiatives qui aident à vivre l’ouverture : le LH Forum qui aura lieu prochainement et les perspectives d’une économie positive qu’il offrira les efforts pour s’inscrire dans les Objectifs de Développement Durable adoptés par l’ensemble des pays de l’ONU en septembre 2015 et l’accord de la COP21 en décembre dernier. Voilà bien de larges perspectives qui conviennent à la vocation de la ville du Havre qui a vocation à devenir un phare pour notre pays en vue de son développement économique et humain, et de sa cohésion nationale, dans une identité largement ouverte.
En ces temps où les murs d’incompréhension et de suspicion se dressent entre les hommes et les peuples, générant exclusions, injustice, mépris des plus fragiles, guerre et terrorisme, la mer offre un espace de communication et de rencontre.
C’est bien pourquoi l’Église catholique s’intéresse aux réalités du monde maritime comme domaine où se joue la construction d’une humanité rassemblée dans ses différences et ouverte à la fraternité universelle. En une période où il semble si difficile de consentir à une destinée commune des peuples, de prendre soin ensemble de notre « maison commune » –comme le demande avec insistance le pape François-. En ces temps où les murs d’incompréhension et de suspicion se dressent entre les hommes et les peuples, générant exclusions, injustice, mépris des plus fragiles, guerre et terrorisme, la mer offre un espace de communication et de rencontre. La vocation maritime d’une cité comme Le Havre est une vocation universelle qui s’accommode mal des discours et des attitudes de fermeture, d’exclusion, de rejet et de repli.
Dans cette célébration, nous prierons pour tous ceux et celles qui travaillent à faire vivre la vocation maritime de notre ville. Nous prierons aussi pour tous ceux et celles qui ont péri en mer, dans l’exercice de leur profession ou de leur activité maritime, mais aussi pour ces milliers de réfugiés qui ont tenté de fuir la misère et l’horreur des conflits armés et pour qui la mer est devenue leur cimetière. Nous demanderons enfin à Dieu d’aider la ville du Havre et sa population, à garder vive en eux la conscience de leur vocation à s’ouvrir sur le monde qu’il faut transformer – ici et partout – en terre de justice, de paix et de fraternité.
+ Jean-Luc BRUNIN, évêque du Havre
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