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« Allez dire aux prêtres . . . » – Homélie du jeudi 24 août

jeudi 24 août 2023Non classé

Homélie du jeudi 24 août 2023 au Sanctuaire de Lourdes – Célébration de réconciliation 

Le sacrement de réconciliation n’est pas qu’un acte intime et personnel. C’est aussi faire œuvre d’Eglise, puisque nous permettons à nos prêtres de vivre pleinement leur sacerdoce en pardonnant nos péchés au nom de la Sainte Trinité.

Mais la confession de ses fautes n’est pas le petit ménage d’avant rentrée pour reprendre, au pire, tout comme avant ou au mieux avec de bonnes résolutions qu’on ne parviendra hélas bien souvent pas à tenir.

Si nous reprenons la parabole de l’Evangile, je constate que ce n’est pas la brebis égarée qui revient d’elle-même, c’est la grâce qui est première. Nous ne devons jamais oublier que la puissance de Dieu est capable d’agir au cœur de la faiblesse, c’est même là qu’elle se déploie.

« Pour Jésus aussi, la faiblesse de l’homme fut le chemin qui lui permit de rencontrer la puissance de son Père » dit André Louf.

L’Evangile ne nous dit rien d’autre que cela. Qui sont les 99 autres brebis ? On peut y lire plusieurs interprétations, mais j’observe juste que Dieu les délaisse. Il « abandonne », nous dit Saint Luc, ceux qui n’ont pas besoin de conversion. Doit-on y lire un peu d’ironie et pour éviter de nous reconnaître dans ces quatre-vingt-dix-neuf « justes », acceptons de nous pencher sur notre faiblesse, sur notre péché.

Nous avions médité les termes d’accueil et d’accompagnement que nous avons eu le temps de vivre et mettre en pratique depuis mardi. Je vous propose de poursuivre aujourd’hui notre méditation autour des termes discerner et entrer.

Souvenez-vous, nous étions arrivés au seuil de notre grotte pour y observer de quoi elle était faite, avec nos souffrances, nos faiblesses, nos péchés. Revenons y donc une fois encore et discernons, dans le sombre de nos vies, toute notre faiblesse. Et maintenant, que fait-on ?

On en reste là et on se détourne de cette grotte qui met peut-être à mal l’image de cette juste brebis que nous avions l’impression d’être, on roule de nouveau la pierre sur l’entrée du tombeau, au risque de se priver du Ressuscité, au risque de manquer de voir jaillir la source qui n’est nulle part ailleurs qu’au fond de notre grotte.

Ou bien on entre. Discerner est essentiel mais il nous faut faire ce pas en plus. Il nous faut entrer. Entrer prend du temps. La Vierge Marie a adressé à Bernadette cette invitation : « Voulez-vous me faire la grâce de venir ici pendant quinze jours ? »

Se laisser habiter par la grâce demande du temps : c’est le temps du pèlerinage.

Dans un pèlerinage, nous avons deux étapes successives.

La première consiste à assumer notre vie en tant que personne responsable.

La deuxième consiste à entrer dans une dimension pascale de notre vie. Il nous faut mourir à tout ce qui s’oppose à Dieu, pour que la vie du Ressuscité puisse nous animer et nous vivifier entièrement.

Présenter au prêtre humblement nos fautes, ce n’est pas passer en jugement, c’est manifester le désir de voir la grâce abonder en nous. « Il n’y a rien qui humilie et qui élève tant que la grâce » dit l’Abbé de Saint Cyran.

Et si l’Eglise a fait de la confession un sacrement, c’est dans la conviction qu’elle est signe de l’action réelle de Dieu pour notre sanctification.

Comment douter de l’action réelle de Dieu dans ce lieu où tant de guérisons physiques, concrètes et visibles se déroulent en plus des multiples récits de conversions ou de naissances de vocations ?

Enfin, la reconnaissance de nos péchés, la confession de notre foi et la grâce reçue par le sacrement de réconciliation sont le point de départ essentiel à l’édification de notre chapelle.

Le Christ ne s’y est pas pris autrement en invitant Pierre à lui confesser trois fois son Amour en rappel de son reniement pour y édifier l’Eglise tout entière.

Cette reconnaissance de nos fautes est sûrement essentielle pour pouvoir entendre avec le cœur le plus grand commandement, celui de l’Amour, que Jésus nous adresse à nous aussi.

« Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux, . . . »

Entrons donc dans notre grotte et laissons-nous ainsi porter par le Christ.

Alors « notre âme pourra bénir le Seigneur et tout notre être son nom très saint.

Car il pardonne toutes nos offenses et nous guérit de toute maladie. » (ps 102)

Jérémie Lesage, diacre permanent