Une fois encore, nous sommes rassemblés pour la fête patronale de notre diocèse que nous confions au Seigneur par l’intercession de la Vierge Marie. Comment ne pas penser ce soir à la belle réalisation que nous allons prochainement inaugurer au nouveau Centre Spirituel Marial dans le quartier de l’Eure ? La vocation de ce Centre Pastoral déborde largement les seules limites de la paroisse Saint Charles du Port. Il est un signe fort de la volonté de notre communauté diocésaine de nous placer sous le patronage de Notre Dame de l’Immaculée Conception. Le Centre Marial aura une double vocation : être un lieu où l’esprit de Lourdes sera entretenu autour de la reproduction de la grotte de Massabielle, accueillant les personnes marquées par toutes sortes de fragilités et de pauvreté. Ce sera aussi un espace qui offrira aux fidèles du diocèse, la possibilité de retremper leur foi auprès de la Vierge Marie, Mère des hommes et Mère de l’Église.
Notre Église diocésaine, l’Église de Dieu qui est au Havre, n’est plus ce qu’elle a été. Les formes qu’elle revêt et les propositions pastorales qu’elle met en œuvre ont beaucoup évolué. Mais c’est toujours le même élan qui portait la Vierge Marie vers sa cousine Elisabeth, qui nous entraîne aujourd’hui vers les gens habitant notre territoire que se concentrent notre attention et nos efforts pour les rejoindre et échanger avec eux.
Ces efforts seraient vains s’ils ne se laissaient pas habiter par un esprit et un élan qui vient de Dieu lui-même par son Esprit Saint qui éveille chez nos contemporains une soif de sens et l’attente d’une parole qui libère. L’Année de la Miséricorde nous a rappelé que notre monde était en attente d’harmonie, de justice, de paix et de fraternité. Plus que jamais, les hommes et les femmes de ce temps attendent une Église accueillante à ce qu’ils vivent, proche de leurs préoccupations et imaginative pour faire valoir dans ce compagnonnage humain, l’apport pertinent de l’Évangile du Christ pour progresser dans une croissance humaine et spirituelle. Comme la Vierge Marie, il nous faut être propositions de style de vie selon l’Évangile qui prend souvent le contrepied du style vie promu par notre société. Le pape François nous alerte sur ce point : « Pour pouvoir soutenir un style de vie qui exclut les autres, …, on a développé une mondialisation de l’indifférence. Presque sans nous en apercevoir, nous devenons incapables d’éprouver de la compassion devant le cri de douleur des autres, […] comme si tout nous était une responsabilité étrangère qui n’est pas de notre ressort. » (E.G 54) Une telle attitude mettrait notre communauté diocésaine en danger. Il poursuit : « Toute communauté de l’Église, dans la mesure où elle prétend rester tranquille sans se préoccuper de manière créative et sans coopérer avec efficacité pour que les pauvres vivent avec dignité et pour l’intégration de tous, court aussi le risque de la dissolution, même si elle parle de thèmes sociaux […]. Elle finira facilement par être dépassée par la mondanité spirituelle, dissimulée sous des pratiques religieuses, avec des réunions infécondes ou des discours vides » (E.G 207).
Marie qui se fit la « servante du Seigneur », a su être à l’écoute du Seigneur et des autres. Nous mettre à son école, c’est apprendre d’elle à devenir attentifs à la vie des hommes, et à favoriser notre oui à l’appel que le Seigneur nous adresse pour devenir de plus en plus des serviteurs d’une Parole qui fait vivre et qui sauve.
Marie qui se fit la « servante du Seigneur », a su être à l’écoute du Seigneur et des autres. Nous mettre à son école, c’est apprendre d’elle à devenir attentifs à la vie des hommes, et à favoriser notre oui à l’appel que le Seigneur nous adresse pour devenir de plus en plus des serviteurs d’une Parole qui fait vivre et qui sauve. Jésus est cette Parole vivante toujours actuelle et toujours présente.
La vraie dévotion à Marie que nous voulons voir se développer dans notre diocèse, n’est pas une dévotion sentimentale et enfantine. Au contraire, elle nous fait entrer plus profondément dans la compréhension du mystère de Salut offert à toute l’humanité et auquel, comme la Vierge Marie, le Seigneur veut nous voir coopérer par l’annonce de l’Évangile. Voilà la beauté de la dévotion à Marie en particulier dans le mystère de son Immaculée Conception.
Comme vous le savez, il a fallu un cheminement assez long pour que ce privilège de Marie, née sans péché, soit pleinement intégré à la foi chrétienne. Ce n’est qu’en 1854 que le pape Pie IX a reconnu officiellement que ce mystère faisait partie de la foi de l’Église catholique. Elle y reconnaissait une anticipation du Salut en Christ pour la Vierge Marie, dès sa conception. Quatre années plus tard, en 1858, cette réalité de la foi fut confirmée par les mots de Marie apparaissant à une jeune bergère illettrée à Lourdes : « Je suis l’Immaculée Conception ». Depuis lors, ce lieu est devenu une terre de pèlerinage qui attire des millions de personnes qui font l’expérience que la foi se raffermit au contact de cette Mère que le péché n’a jamais atteinte.
En cette fête de l’Immaculée Conception, notre diocèse se tourne vers la richesse du Salut que Jésus apporte au monde. Comme Marie, c’est en le recevant nous-mêmes, en l’approfondissant et en le célébrant dans nos diverses communautés, que nous serons ensuite en mesure de le partager avec ceux et celles vers qui nous sommes envoyés.
L’Immaculée Conception doit devenir pour notre diocèse, l’étoile de la nouvelle évangélisation, car elle n’a de cesse de conduire vers le Christ Sauveur ceux et celles qui s’approchent d’elle.
Cette mission nous incombe et nous mobilise. Nos contemporains ont besoin de l’Évangile pour réussir leur vie, pour accomplir leur humanité et construire un avenir de paix et de fraternité large. Auprès de la Vierge Marie, nous pouvons renouveler notre élan apostolique et redécouvrir l’urgence d’annoncer l’Évangile, sans le brader ni le dévitaliser. Marie rappelle la mission qui incombe impérativement à tous les baptisés, celle d’une nouvelle évangélisation. L’Immaculée Conception doit devenir pour notre diocèse, l’étoile de la nouvelle évangélisation, car elle n’a de cesse de conduire vers le Christ Sauveur ceux et celles qui s’approchent d’elle. Le centre marial dont notre diocèse va bientôt bénéficier, sera, outre un lieu d’accueil et d’écoute pour les personnes en situation de fragilité, un lieu de formation à l’évangélisation. A l’école de Marie, nous apprendrons à témoigner dans le langage des hommes de notre temps, de la Tendresse et de la Miséricorde du Christ Sauveur. Au contact de Marie, nous apprendrons à devenir d’authentiques disciples-missionnaires.
En cette fête patronale de notre diocèse, rendons grâce au Seigneur pour ce lieu-source qui nous est confié. Confions ceux et celles qui l’animeront pour qu’il devienne un espace d’accueil et d’écoute des plus pauvres, et un lieu où nous pourrons nous renouveler dans une vie missionnaire.
