L’évangélisation des jeunes s’inscrit dans la mission éducative de l’Eglise. Celle-ci se ressource et se réfère explicitement à l’Évangile et à l’enseignement de l’Église. Elle se fonde sur une anthropologie chrétienne qu’on peut définir avec ce qu’écrit le théologien Maurice Bellet : « Nous ne commençons pas par être un “moi-je” mais par être un nœud de relations dans un espace humain primordial où nous habitons tous ensemble [1]». L’éducation est ainsi une initiation à un chemin d’humanité.
Rejoindre et permettre aux jeunes de se rassembler pour découvrir en Jésus ce chemin d’humanité, constitue l’essentiel d’une Pastorale des jeunes. Une telle démarche éducative reste un défi dans une société consumériste, fournissant du prêt-à-penser, rivant les jeunes sur les réseaux sociaux face auxquels ils se trouvent seuls, comme atomisés. Il faut déplorer aussi l’influence de groupes qui travaillent le corps social pour distiller, notamment chez les jeunes, suspicion, repli, fermeture et scepticisme. De telles entreprises dénaturent l’humain, hypothèquent l’avenir des jeunes, détricotent des solidarités et enferment dans des postures frileuses, passéistes et intolérantes. L’Eglise ne peut rester insensible. Par la Pastorale des jeunes, à-travers les diverses initiatives pour leur annoncer et leur permettre de vivre l’Evangile, elle relève ce défi éducatif.
« Être ce que Dieu, ton Créateur, sait que tu es » (pape François)
Le pape François, après le Synode sur les jeunes en octobre 2018, définissait l’horizon sur lequel l’Eglise doit inscrire sa mission éducative. « Ne permets pas qu’ils te volent l’espérance et la joie, qu’ils te rendent toxicodépendant pour t’utiliser comme esclave de leurs intérêts. Ose être davantage, car ta personne est plus importante que quoi que ce soit… Tu peux arriver à être ce que Dieu, ton Créateur, sait que tu es […] Invoque l’Esprit Saint et marche avec confiance vers le grand but : la sainteté. Ainsi, tu ne seras pas une photocopie. Tu seras pleinement toi-même[2] ».
Les propositions diversifiées de la Pastorale des jeunes sont destinées à aider les jeunes pour discerner que leur vie est « vocation », appel à devenir ce que le Seigneur attend d’eux. L’Eglise met ainsi en œuvre sa mission éducative, aidant les jeunes à déjouer les pièges des idéologies qui dévitalisent leurs capacités d’ouverture, de tolérance, de souci de l’écologie intégrale et de la fraternité.
Les propositions diversifiées de la Pastorale des jeunes sont destinées à aider les jeunes pour discerner que leur vie est « vocation », appel à devenir ce que le Seigneur attend d’eux.
Rejoindre la catéchèse en paroisse ou en aumônerie scolaire
Des parents hésitent parfois à inscrire leur enfant en catéchèse dans la paroisse ou l’établissement catholique d’enseignement qu’il fréquente. Ils disent craindre de porter atteinte à sa liberté en lui imposant une contrainte. Pourtant, la démarche en catéchèse, loin de développer une emprise prosélyte, comprend une réelle plus-value éducative dont on mesure la pertinence humaine et chrétienne.
La catéchèse se développe de plus en plus lors de temps forts réguliers (KT vacances). Une pédagogie nouvelle y est déployée. Outre le fait qu’elle respecte mieux les rythmes de la vie des enfants, elle se vit au sein de groupes plus fournis. On alterne alors des temps d’enseignement catéchétique, d’ateliers interactifs, essentiels pour une réexpression de ce qu’ils accueillent de la foi au Christ. Le temps de la célébration est nécessaire pour que la catéchèse ne développe pas seulement des savoirs, mais initie à la prière, un savoir-être devant le Seigneur. Le Directoire diocésain pour la catéchèse développe le sens et la richesse de cette pédagogie. Elle aménage un espace de partage entre jeunes, où le message de Jésus est mis en contact avec leur vie quotidienne. Ce n’est pas inutile dans une société qui cultive et encourage le quant-à-soi individuel. Le jeune ne se trouve pas seul face à des questions lourdes que la vie lui fait porter. Cette expérience se poursuit pour les adolescents en collège ou en lycée.
Les adultes engagés dans l’accompagnement en catéchèse peuvent témoigner combien cet engagement ecclésial est aussi fécond pour leur propre foi. Pourquoi ne pas leur offrir une occasion de témoigner de cet engagement auprès de toute la communauté chrétienne locale ?
Les adultes engagés dans l’accompagnement en catéchèse peuvent témoigner combien cet engagement ecclésial est aussi fécond pour leur propre foi.
La vie en mouvement
La mission éducative de l’Eglise passe aussi par la vie dans des mouvements de jeunesse. Ils ont une longue histoire qui leur a permis de développer leur pédagogie dans sa spécificité, l’ajustant avec beaucoup de discernement à ce que les jeunes sont devenus. Je me réjouis de la vitalité des mouvements scouts (SUF et SGDF) et des mouvements comme l’ACE et la JOC. Ils s’inscrivent pleinement dans la vie de l’Eglise diocésaine et les dynamismes de l’éducation populaire. Ils offrent des moyens pour structurer les équipes d’enfants et de jeunes, les rendre responsables de leur mouvement, découvrir le Christ et cheminer avec Lui, développer en eux une conscience citoyenne et un être-chrétien. Pour cette mission, les mouvements ont besoin d’adultes qui acceptent non pas d’encadrer, mais d’accompagner, dans l’esprit du Directoire diocésain précédemment évoqué.
Cet engagement pour faire vivre la mission éducative est une priorité missionnaire de notre Eglise diocésaine. Elle est ressaisie et coordonnée par la Pastorale diocésaine des jeunes que je salue avec gratitude pour leur investissement et leur compétence. Il est souhaitable que la richesse de la pédagogie éducative et évangélisatrice de ces mouvements ne reste pas lettre morte.
La proposition des JMJ [Journées Mondiales de la Jeunesse]
Dans quelques semaines, des jeunes du diocèse du Havre se mettront en route pour vivre les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ), au Portugal du 25 juillet au 6 août 2023. Je salue la belle solidarité financière des communautés du diocèse qui permettra à tous les jeunes qui le souhaitent, de rejoindre cet événement ecclésial mondial.
Nous serons accueillis, lors la première semaine, dans le diocèse d’Aveiro. Avec les jeunes chrétiens portugais, nous partagerons ce que nous vivons, nos façons de prier et de célébrer le Christ vivant au milieu de nous. Nous dirons aussi comment nous travaillons à faire advenir un monde en phase avec l’Évangile. Lors de la seconde semaine, nous serons rejoints par une cinquantaine de jeunes professionnels du diocèse pour vivre le rassemblement autour du Saint-Père à Lisbonne. Temps d’échanges interculturels, de catéchèses en groupes linguistiques et de célébration avec le pape François sont programmés durant ces jours. Un moment de rassemblement des jeunes français sera aussi proposé.
La pastorale diocésaine des jeunes est toujours bénéficiaire du dynamisme lancé par le Synode des jeunes en 2012-2013. Elle est, comme vous le voyez, un domaine large et prioritaire dans la mission de notre Eglise. Elle s’inscrit dans la ligne des priorités pastorales du pape François : « la pastorale des jeunes doit toujours inclure des temps qui aident à renouveler et à approfondir l’expérience personnelle de l’amour de Dieu et de Jésus-Christ vivant… [elle] doit intégrer clairement des ressources et des moyens variés pour aider les jeunes à grandir dans la fraternité, à vivre en frères, à s’entraider mutuellement, à créer une communauté, à servir les autres, à être proches des pauvres [3]».
+ Jean-Luc BRUNIN, Évêque du Havre
[1] Maurice Bellet, cité par Paul Malartre dans Est-il encore possible d’éduquer ? Paris, 2007, p. 110
2 Exhortation apostolique post-synodale, Christus vivit, 107
[3] Exhortation apostolique post-synodale, Christus vivit, 214-215.
