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La double mission des jeunes – Homélie de Mgr Brunin

lundi 18 septembre 2023Diocèse, Expression de l'évêque

Homélie du 24ème dimanche A – Messe de retour du JMJ

Ce qui fait un chrétien, ce n’est ni une façon de penser, ni de vagues sentiments, ni même le goût pour des émotions évanescente. Être chrétien, c’est une façon singulière d’exister. L’évangile que nous venons d’entendre nous le rappelle. Jésus interroge ses disciples sur un aspect essentiel de la vie de chrétien : l’aptitude à pardonner qui peut sauver les relations que nous entretenons avec les autres, en famille, dans la vie étudiante ou professionnelle ! Celui qui veut vivre dans l’Esprit du Christ est invité à s’engager sur un chemin de Miséricorde qui est le cœur même de la relation que Dieu entretient avec l’humanité.

Le passage d’Évangile de ce dimanche nous plonge au cœur des expériences qui font la trame de notre existence humaine : expérience de l’amour et de la haine, de la générosité et de l’animosité, du pardon et de la rancune. Mais l’évangile nous propose un chemin de libération, un moyen d’instaurer d’autres modes de relations dans notre monde de conflits et de violence. On peut prendre son parti de l‘animosité et de la rancœur qui détériorent nos relations et défigurent, pour les chrétiens, le visage de l’Eglise. Mais nous pouvons choisir de les rendre, avec l’aide du Christ, plus fraternelles pour témoigner de l’Amour qui vient du Seigneur et transfigure notre vie.

En plaçant le devoir de pardonner comme une exigence radicale de notre vie chrétienne, l’évangéliste Matthieu inscrit notre foi dans le sérieux de ce que nous vivons. Croire au Christ, ce n’est pas un à-côté de notre vie, ni un cosmétique de notre âme. Si notre vie n’accueille pas la Miséricorde du Père pour la mettre en œuvre dans un vrai amour de nos frères, nous ne pouvons pas nous dire chrétiens.

Durant les JMJ, nous avons reçu à plusieurs reprises des enseignements du pape François. Il nous a aidé à comprendre comment les jeunes pouvaient tenir debout en disciples du Christ dans la société actuelle. Ses propos n’invitaient pas à croire à côté de sa vie, mais à intégrer l’amitié du Christ et l’obéissance à ses enseignements dans ce qui fait le sérieux de notre vie quotidienne. Permettez que j’évoque ici le fil de ses interventions qui suggèrent la manière de vivre en disciples du Christ.

Il constate d’abord que nous sommes engagés dans des liens de solidarité au sein d’une société qu’il ne faut pas fuir. Une foi mise à distance ou évasion du réel n’est qu’illusion qui nous sépare de Jésus. Si nous nous fixons dans des attitudes moralisatrices ou ritualistes, le Christ ne peut plus rien nous dire de neuf et d’actuel. Notre foi alors se fossilise.  Chrétiens, nous ne sommes pas les adeptes d’une morale ou d’un rite liturgique quel qu’il soit, mais les amis de Jésus, soucieux d’emprunter le chemin qu’il nous indique pour y engager toute notre existence. 

« Tu n’es pas là par hasard » a-t-il dit dans sa première intervention. Si tu es ici, c’est que tu as été appelé et invité par des personnes, mais radicalement, c’est le Christ que t’a invité et qui t’attend à ces JMJ.

Lors du chemin de Croix, avec réalisme, il nous a fait prendre conscience que notre vie n’était pas facile, qu’elle était marquée par des souffrances et des zones d’ombre. Et il est vrai que nous vivons dans un monde difficile, secoué par des inégalités, des violences, le non-respect de la création. Tout cela génère de l’inquiétude, des doutes et même de l’angoisse quant à notre avenir personnel et l’avenir de nos sociétés.

Mais loin de nous entraîner dans la sinistrose qui paralyse toute action, le pape François nous a invité à laisser entrer le Christ dans notre vie pour réveiller notre espérance et nous donner le courage de l’action. Si nous, chrétiens, ne mettons pas nos certitudes en Dieu, il ne sera pas facile de résister à la force des vents contraires et des discours démobilisateurs. Nous devons nous risquer dans l’espérance, et inviter d’autres à espérer activement grâce à l’Evangile, cette Parole puissante qui peut transformer nos vies et le monde. Le pape François nous a encouragés à accueillir dans nos communautés d’Eglise, tous ceux et celles qui veulent que leur vie et leur environnement changent et s’humanisent davantage. L’Eglise est ouverte à tous ! Tous ! Tous ! Tous ! nous a-t-il fait répéter. Inviter et accueillir les autres à nous rejoindre comme ils sont, car « Jésus ne pointe jamais du doigt pour condamner qui que ce soit, mais il a les bras grands ouverts pour accueillir » tous ceux et celles qui viennent vers Lui. Une Eglise qui condamne, juge et exclut, ce n’est pas l’Eglise du Christ.

Chers jeunes amis, nous sommes repartis des JMJ vers nos lieux de vie quotidienne avec une double mission :Faire vivre une Eglise ouverte et accueillante à tous dans nos paroisses, nos mouvements ou nos aumôneries.

  1. Faire vivre une Eglise ouverte et accueillante à tous dans nos paroisses, nos mouvements ou nos aumôneries.
  2. et appelés à agir ensemble, dans la force de l’Esprit du Christ, pour transformer notre environnement dans le sens de la justice, du partage et de la fraternité.

Cette double mission ne sera possible que si nous sommes bien ancrés dans une relation d’amitié avec Jésus, entretenue par la fréquentation de la Parole de Dieu et des sacrements, par une vie au service des autres et, en particulier, des plus fragiles et des plus pauvres.

Chers jeunes amis qui avez vécu l’expérience des JMJ de Lisbonne, nous prions avec vous afin qu’ensemble, dans la force de l’Esprit du Christ, nous fassions exister une Eglise bien plantée dans la vie de nos contemporains, notamment chez les jeunes générations. Car, en dépit de certaines voix chagrines qui prétendent que l’Eglise n’intéresse plus les jeunes ou que le pape François n’est plus suivi par une jeunesse attachée à des formes anciennes de croyances, vous avez témoigné que l’Evangile mobilisait toujours les jeunes au sein d’une Eglise ouverte à la rencontre et au dialogue avec tous. Que le Seigneur soutienne notre audace pour l’annonce de l’Evangile comme une Bonne Nouvelle. Oui, avec le Christ, nous pouvons trouver le bonheur et devenir capables de bâtir un monde harmonieux et fraternel. L’Esprit Saint nous rend forts, audacieux, inventifs et priants pour être les prophètes dont le monde a besoin pour son avenir.