Nous avons une pensée émue ce matin, avec tous les havrais, pour Mr Antoine RUFENACHT qui nous a quittés hier matin. Il fut un fidèle des Fêtes de la Mer. Chaque année, on le voyait heureux de partager ce moment avec les havrais qui célébraient la vocation maritime de leur commune. En nous souvenant de son engagement fidèle et de tout ce qu’il a entrepris et réalisé dans cette Ville dont il fut le maire de 1995 à 2010, nous prierons pour lui, pour son épouse, ses enfants et tous ceux et toutes celles qui lui étaient proches et qui souffrent de son départ.
La Fête de la Mer au Havre se trouve aussi impactée cette année, comme beaucoup d’événements culturels et religieux, par la crise sanitaire que traversent notre pays et les autres pays du monde. Nous voilà confrontés à de profonds bouleversements mondiaux, dans les domaines sociaux, économiques et culturels.
La pandémie du coronavirus a complètement chamboulé l’espace maritime. L’épidémie commença en Chine, où l’activité économique fut atteinte à partir de février. L’Europe fut concernée en mars. Pour le port du Havre, tous les trafics sont en baisse au 1er semestre 2020 : -27% pour les conteneurs, -24% pour les liquides, et -70% pour le roulier (voitures). Heureusement, depuis juin, la baisse s’est ralentie. Mais l’activité des croisières reste atteinte et le trafic du ferry avec l’Angleterre n’a repris que partiellement. Derrière ces chiffres, il y a les marins. Nous pensons particulièrement ce matin, à tous les professionnels au service des activités portuaires, ainsi que les personnels des entreprises liées aux activités maritimes.
En juin dernier, le pape François adressait un message aux gens de la mer. Il déclarait notamment : « Votre travail comme marins et comme pêcheurs est devenu encore plus important, pour assurer à la grande famille humaine la nourriture et d’autres biens de première nécessité. Nous vous en sommes reconnaissants… Ces derniers mois, votre vie et votre travail ont considérablement changé et vous avez affronté […] beaucoup de sacrifices, de longues périodes d’éloignement à bord des bateaux sans pouvoir mettre pied à terre. L’éloignement de vos proches, de vos amis et de votre pays, la peur de la contagion, tous ces éléments sont un poids lourd à porter, …. Je voudrais vous dire ceci : sachez que vous n’êtes pas seuls et que vous n’êtes pas oubliés ».
Le choix de maintenir la 67ème Fête de la Mer dans ce contexte difficile, est un geste qu’il nous faut saluer. Il constitue un pari sur l’avenir et atteste de la vocation maritime de la Ville du Havre. Il est essentiel de ne pas réduire la Fête de la Mer à du folklore. Chaque équipage est une micro-société formée de personnes de différentes nationalités, cultures et religions, qui sont obligées de « cohabiter » dans le périmètre limité d’un bateau et de grandir dans la conscience d’une mission commune et d’une communauté de destin. Surtout dans un environnement où le risque est permanent.
Nous pouvons apprendre des gens du monde maritime, les bases d’un vivre ensemble débarrassé de rivalités et de violence. En période de tempête naturelle, sanitaire, sociale ou économique, les marins nous rappellent que nous ne pouvons-nous payer le luxe des divisions, des intolérances, et des violences entre groupes humains différents mais embarqués sur la même planète, notre « maison commune ». Dans cette Eucharistie, que Dieu nous donne la force de faire société ensemble, avec tous, pour que vienne son Royaume d’amour et de paix. Ouvrons-nous à Sa Miséricorde !
+ Jean-Luc Brunin, évêque du Havre
