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Pâques 2020

dimanche 12 avril 2020Non classé

« Il est ressuscité d’entre les morts »

    C’est le cri de joie des femmes au matin de Pâques. Le Seigneur est réellement ressuscité. C’est le partage de foi des Apôtres après Emmaüs. Dieu est intervenu. Dieu donne la vie.

    Telle est la foi pascale. Celle que nous partageons un dimanche de Pâques. Les cloches sonnent à toutes volées, les églises se remplissent … Et les manifestations profanes accompagnent la foi chrétienne, les enfants cherchent les œufs de Pâques déposés par les cloches revenues de Rome ; c’est le temps des rassemblements familiaux de printemps.

    Cette année aucune de ces manifestations ne peut avoir lieu. Il nous reste la joie intérieure : celle qui nourrit notre cœur, celle qui oriente notre vie. Avant l’annonce publique et l’heureux partage entre frères, il y a le cœur à cœur avec le ressuscité, tel que l’ont vécu Marie-Madeleine et quelques femmes.

    Jésus est ressuscité, Dieu lui donne la vie. Cette affirmation de la foi chrétienne jaillit d’une longue histoire, celle de la révélation du véritable visage de Dieu. La nuit de Pâques, la liturgie nous fait méditer les grands textes de l’Ancien Testament : la création, la libération d’Egypte, l’espérance prophétique. Dieu veut la vie car il est notre créateur. Dieu veut que nous grandissions en nous libérant de nos esclavages. Dieu nous dit qu’il va agir pour nous. Notre enfermement physique du confinement peut nous faire prendre conscience de nos enfermements psychologiques et spirituels, de tout ce dont nous sommes esclaves. Nous vivons particulièrement cette année ce moment où nous expérimentons nos besoins de libération. Que cette méditation personnelle du mystère pascal nous prépare à vivre le déconfinement, à mettre en œuvre notre libération.

    Les Apôtres ont perçu la résurrection de Jésus comme l’évènement annonciateur de la fin des temps. Ils n’allaient pas mourir mais vivre la rencontre du Jugement dernier. Petit à petit ils ont compris que notre monde terrestre se poursuivait, et que c’est dans ce monde qu’il nous faut vivre la bonne nouvelle de la résurrection.

    Nous sommes dans un monde qui à la fois refuse la mort, n’attend plus une fin des temps provoquée par Dieu ; et qui en même temps se fait peur, annonce l’apocalypse écologique, s’arrête de vivre du fait de cette incroyable épidémie contre laquelle nous sommes bien démunis. Comment affronter cette inéluctable fin ?

    C’est pour nous croyants l’espérance que quelque chose va se poursuivre après la mort physique : « Je crois en la résurrection des corps » … de notre personnalité, de ce qui m’est le plus intime et durable, de ce qui perdure dans les transformations corporelles quotidiennes. Mon humanité dans ce qu’elle est de plus véridique.

    Mais surtout c’est être déjà force de résurrection : que ma vie soit résurrection. Tous ces moments où je rayonne de service, de paix, d’attention aux autres, d’amour … Où je bouscule les inerties, obstacles, pesanteurs … Où je porte la vie là où œuvrent les puissances de la mort, où je suis témoin des forces de résurrection .. Où avec les autres chrétiens, en Eglise, je diffuse l’esprit de l’Evangile.

    C’est tout ce qui nous rend plus humain, surtout en période de catastrophe : tout ce qui est don de soi, attention à l’autre, service. Ces comportements qu’impulse Jésus dans les évangiles.

    Confinement ou non, que je sois porteur de vie, acteur de vie, telle est ma prière de Pâques.

                                                                                                                                                                                 Abbé Marcel Maurin