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Homélie Pères Bruno GOLFIER et François ODINET

samedi 4 avril 2020
 
En vue de son dernier repas, Jésus envoie ses disciples faire les préparatifs. Ce moment est raconté dans l’évangile que nous lisons aujourd’hui. Jésus envoie deux disciples rencontrer le propriétaire d’une maison. Ils doivent lui transmettre un message : « Le maître te fait dire : ‘‘mon temps est proche ; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples.’’ » Nous ne connaissons pas l’homme à qui Jésus adresse ce message. Si c’est un disciple du Christ, il a dû être profondément heureux de l’accueillir pour un moment aussi extraordinaire. Puisque nous ne connaissons pas le nom de cet homme chez qui Jésus veut célébrer la Pâque, nous pouvons penser que c’est chacun d’entre nous. Aujourd’hui, au premier jour de la semaine sainte, c’est à moi, c’est à nous que Jésus dit : « Mon temps est proche ; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples. »
 
« C’est chez toi que je veux célébrer la Pâque ». Cette phrase nous rejoint au moment où chacun de nous va devoir célébrer la fête de Pâques chez lui, à la maison. Il nous sera impossible de nous retrouver dans notre maison commune, l’église de notre quartier. Chacun chez soi… mais Dieu pour tous ! Jésus veut célébrer la fête chez nous, avec nous, en notre compagnie. Nous pourrions croire que notre carême a été bouleversé par l’épidémie et le confinement, mais c’est le contraire : notre vrai carême, c’est cette épreuve-là. Notre vraie conversion, ce n’est pas d’avoir mangé un peu moins de chocolat… mais c’est d’avoir fait de notre mieux pour veiller sur les autres et pour traverser cette épreuve. Alors, même si nous ne nous sentons pas « prêts » parce que nous n’avons pas pu vivre les étapes ordinaires du carême, soyons sûrs que l’actualité nous a préparés. Oui, c’est « chez nous » que Jésus vient vivre Pâques.
 
« C’est chez toi que je veux célébrer la Pâque ». Jésus a pris sur lui l’angoisse, la souffrance et la mort humaine, sans jamais faire semblant. Souvenons-nous de nos propres passages par la souffrance, par la maladie, par la misère, par le deuil. Le fait que Jésus veuille célébrer la Pâque chez nous, signifie qu’il vient cheminer à travers nos propres douleurs. Quelle erreur de penser que notre foi est déconnectée de notre quotidien ! C’est tout le contraire : dans nos épreuves, Jésus vient vivre sa Pâque chez nous. Il prend le chemin qui traverse notre peur, notre maladie, notre péché, notre misère… et il nous emmène vers le relèvement. Oui, c’est « chez nous » que Jésus vient vivre Pâques.
 
« C’est chez toi que je veux célébrer la Pâque ». Dans cette célébration de la Pâque, Jésus s’engage tout entier. Il engage son corps, son sang, toute sa personne, jusqu’à accueillir la mort en remettant sa vie dans les mains du Père. En effet, rien n’arrête l’amour de Jésus : ni l’injustice, car il continue à dire la vérité ; ni la haine, car il pardonne à ceux qui lui veulent du mal ; ni même la mort, car l’amour du Père lui rend la vie. C’est pourquoi cette semaine sainte qui commence au milieu des épreuves nous invite à accueillir une grande espérance : celle de l’amour qui traverse tout, même le pire. Pâques, cette année, c’est une manière de traverser cette épidémie, en faisant le choix d’un amour qui nous engage. L’amour qui a la force de prendre des risques pour soigner ; l’amour qui se dévoue pour les proches avec qui l’on est confiné ; l’amour délicat qui soutient des voisins isolés ; l’amour clairvoyant qui connaît les misères et les souffrances des autres ; l’amour capable de faire confiance. Quand Jésus annonce qu’il vient célébrer Pâques « chez nous », cela signifie qu’il veut nous emmener dans son amour qui traverse tout. Jésus vient nous chercher avec tous nos égoïsmes, nos peurs et nos reculs, et il nous emmène dans sa manière d’aimer. Sa résurrection nous apprend que cette manière d’aimer ne conduit pas à la mort, mais à la vraie vie. Oui, c’est « chez nous » que Jésus vient vivre Pâques.
 
« C’est chez toi que je veux célébrer la Pâque ». Cette phrase de Jésus ne désigne pas seulement une célébration à la maison : elle invite à un nouvel aménagement de notre maison intérieure. Pour que la Pâque de Jésus nous renouvelle, nous pouvons dire et méditer la prière de bénédiction qui est prononcée lors de la messe du dimanche des Rameaux :
 
Dieu notre Père, Père de toute miséricorde, dans la passion de ton Fils, tu nous as donné la plus belle preuve de ton amour. Aide-nous maintenant à découvrir, en nous mettant à ton service et à celui de nos frères et sœurs, jusqu’où va le don de ta grâce. Et, après avoir suivi Jésus dans les épreuves, puissions-nous entrer avec lui dans sa gloire de ressuscité. Amen
 
Le mot de votre curé… pour rester en lien les uns avec les autres….
 
Chers amis,
 
Ce dimanche, avec la fête des Rameaux, nous entrons dans la Semaine Sainte. Dans notre diocèse, toutes les cloches de nos églises vont sonner à 11h30 afin de marquer cette entrée dans la Semaine Sainte.
Nous allons revivre le cœur de notre foi chrétienne, avec l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem (dimanche des Rameaux), son dernier repas avec ses disciples (le Jeudi saint), son chemin de croix et sa mort (le Vendredi Saint), sa Résurrection (le dimanche de Pâques).
Chaque année, nous aimons nous rassembler nombreux en ces jours saints. Nous aimons la foule bigarrée des rameaux. On revient chez-soi avec le buis que l’on accroche aux croix de nos maisons ou dans nos coins prière. Pour beaucoup, c’est aussi l’occasion de penser à nos défunts, de prier pour eux, d’aller au cimetière ». Nous aimons la solennité du Jeudi Saint, la sobriété et la gravité du Vendredi Saint, la joie de la veillée pascale (avec ses baptêmes… et comment ne pas penser cette année à ceux qui auraient dû recevoir le baptême et/ou faire leur première communion ce soir là ?) et du dimanche de Pâques.
Mais cette année, nous allons renoncer à former cette foule visible qui célèbre la Passion et la Résurrection du Christ. Nous n’en serons pas moins cette foule invisible, mais bien réelle de gens reliés les uns aux autres par ce lien invisible mais tout aussi réel de la prière, en communion avec tous les malades et tous les soignants, ceux qui nous sont proches, comme ceux du monde entier, vivant aussi les célébrations par le biais de la télévision (France 2, KTO…).
Pour vivre ainsi cette Semaine Sainte, nous vous enverrons, outre cette newsletter et le temps de prière pour le dimanche des Rameaux, trois autres propositions de temps de prière : une pour le Jeudi Saint, une pour le Vendredi Saint et une pour le dimanche de Pâques. Mais déjà, nous vous invitons à prévoir de marquer ces jours saints de cette manière :
– prévoir le Jeudi Saint au soir, un repas festif – sans télévision -(en famille, si vous avez la chance d’être en famille, ou seul, mais en communion les uns avec les autres), et d’appeler quelqu’un que vous connaissez et qui est seul ce soir là.
– prévoir d’allumer des bougies (ou des guirlandes électriques) à vos fenêtres le samedi saint au soir (à 20H45), comme beaucoup l’on fait le 25 mars dernier, pour le fête de l’Annonciation : la fête de Pâques est par excellence la fête de la lumière.
Pour vivre aussi cette Semaine Sainte solidairement avec les personnes âgées confinées dans les EHPAD de nos quartiers. nous vous proposons de confectionner et décorer une carte de « Joyeuses Pâques » (avec un message d’amitié… attention, pas trop connoté au niveau religieux, laïcité oblige) qui sera remise à un(e) résident(e) des EHPAD. Vous pourrez déposer ces cartes dans la boîte aux lettres de Pascale Taillard au 39, rue Romain Rolland (vous pourrez le faire en allant faire vos courses ou votre sortie quotidienne).
Enfin, pendant cette semaine, sachez que les églises de Sanvic (matin et après-midi) et de Bléville (le matin) seront ouvertes. Vous pourrez y passer prier, en allant faire vos courses ou votre sortie quotidienne.

Bonne Semaine Sainte à tous,

Avec toute l’amitié fraternelle de vos prêtres

Bruno GOLFIER