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Homélie Pères Bruno GOLFIER & François ODINET

samedi 18 avril 2020
Chers amis,
L’apôtre Thomas est au centre de l’évangile de ce dimanche. Nous le citons souvent pour son incrédulité. Mais, au contraire, se pourrait-il que son chemin de foi inspire le nôtre ?
Le soir du premier jour de la semaine, après la mort de Jésus, les disciples sont rassemblés. Jésus les rejoint et il se tient au milieu d’eux : il leur montre ses mains et son côté. Ils le reconnaissent et sont remplis de joie. Ce soir-là, les disciples forment la première communauté chrétienne. Mais l’apôtre Thomas n’est pas présent. Aussi quand les autres disciples témoignent ce qu’ils ont vécu, il ne peut y croire. Pourtant, Thomas reste avec les disciples. Il choisit de ne pas déserter la communauté. Les disciples ne le rejettent pas, ils accueillent ses doutes. Et c’est bien au milieu d’eux, dans cette première communauté rassemblée, que huit jours plus tard, Thomas fait l’expérience de la rencontre du Ressuscité, qu’il passe de l’incrédulité à la foi. C’est dans la communauté que le Ressuscité se laisse rencontrer, c’est avec la communauté que la foi est possible. Ainsi, quelques temps plus tard, dans les premières communautés dont le livre des actes des Apôtres nous donne des échos, « les frères étaient assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières [..] tous les croyants vivaient ensemble, ils avaient tout en commun, ils vendaient leurs bien et leurs possessions, et ils partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun. » apparaît là une dimension essentielle de notre foi à savoir son caractère communautaire. Si les formes que prennent nos communautés sont diverses, si elles ont évolué dans l’histoire, si elles sont différentes de la première communauté décrite dans les Actes des Apôtres, c’est bien toujours reliés à une communauté chrétienne que nous vivons notre foi, que nous grandissons dans la foi et que nous célébrons notre foi.
L’apôtre Thomas est saisi par le doute. Le doute peut être une véritable épreuve dans un chemin de foi. Nous en faisons parfois l’expérience. Saint Pierre dans sa lettre nous avertit : la Résurrection du Christ n’épargne pas au croyant les épreuves de toutes sortes. Mais il ajoute que tel l’or vérifié au feu, l’épreuve vérifie la qualité de notre foi. L’épreuve apparaît comme un élément constitutif du chemin de la foi. Bien entendu, il ne s’agit pas d’aller au-devant des épreuves pour que notre foi en soit purifiée. Il s’agit de reconnaître cela dans notre propre existence : quand nous sommes affligés par toute sorte d’épreuve, notre foi est bousculée, remise en cause. D’ailleurs, l’épreuve collective que nous vivons avec la pandémie, qui remet en question beaucoup de nos certitudes, ne devient-elle pas aussi pour certains une épreuve pour la foi ? Souvent, nous le reconnaissons, après une période d’épreuve et de doute, nous sommes transformés et notre foi s’en trouve grandie, parce que recentrée sur ce qui en est le cœur, la Mystère de Pâques, mystère de mort et de Résurrection.
C’est bien ce Mystère que l’Apôtre Thomas saisit en rencontrant le Christ Ressuscité : Celui qu’il rencontre, ce n’est pas un être débarrassé des marques de la Croix, comme si celle-ci n’était qu’un mauvais souvenir. C’est en mettant sa main dans le côté transpercé du Christ qu’il reconnait Jésus Ressuscité et qu’il fait cette profession de foi : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ». Le Ressuscité, c’est bien le crucifié : le corps de Jésus ressuscité porte toujours en lui les plaies et les marques de sa souffrance et de sa mort. Jésus ressuscité continue de porter en son corps les souffrances des membres de ce corps, nos souffrances d’aujourd’hui, mais aussi celle de l’humanité. Jésus ressuscité continue de souffrir avec nous… non pour nous laisser dans l’épreuve, mais nous y ouvrir un chemin, un chemin de guérison, un chemin de résurrection, un chemin de vie. Comme l’annonçait le prophète Isaïe « par ses blessures, nous sommes guéris ».
Thomas nous ressemble : son chemin dans la foi se fait grâce à la communauté des disciples. Sa foi grandit à travers les épreuves et les doutes. Il reçoit la vie en rencontrant Jésus qui a traversé la mort.
Bruno GOLFIER & François ODINET